Par: par Elyse Ngabire & Guibert Mbonimpa
Journal Iwacu-Burundi
La campagne pour 2010 a déjà commencé pour certains partis politiques. Le scénario kenyan est encore dans les mémoires. Le Journal Iwacu a rencontré trois anciens Chefs d’Etat burundais. De sages conseils:P
résident Sylvestre Ntibantunganya: « Le processus électoral doit être compris par tous les protagonistes »
Confiant, Sylvestre Ntibantunganya rassure : « Les Burundais diffèrent des Kenyans et des Zimbabwéens pour plonger dans les mêmes catastrophes politiques. Notre pays a des hommes et des femmes responsables, des Bashingantahe partout dans tous les secteurs. »
Selon lui, les élections de 2010 sont déterminantes, stratégiques et chaque Burundais devrait les garder dans ses préoccupations : « D’abord, le peuple burundais va conclure définitivement un accord de paix, d’une part avec lui-même et avec les protagonistes du pouvoir, d’autre part. Ensuite, ces élections interviendront à quelques mois de la mise en place de la fameuse fédération des Etats-Unis d’Afrique.»
En 2010, ajoute-t-il, il se pourrait qu’on élise le Président de la République et les administrateurs au suffrage universel direct même si ce n’est pas encore décidé. Ainsi, le processus électoral doit être compris de tous les protagonistes.
A cet effet, Sylvestre Ntibantunganya demande aux leaders politiques d’être attentifs et tolérants pour le bon déroulement des élections. A la Société civile, aux Eglises catholique, protestante, musulmane et aux médias, de bien accomplir leur tâche en vue de garantir le caractère démocratique des élections.
Quant aux autorités en charge du ministère de l’Intérieur, le Président Ntibantunganya estime que dans un contexte électoral au Burundi comme ailleurs, il ne faudrait pas qu’elles confondent leur responsabilité, leur pouvoir et leur prérogative à ceux assignés à la CENI: « Le ministère de l’Intérieur jouerait correctement son rôle s’il trouvait une démarche où il agirait synergiquement avec les forces ci- haut citées afin de promouvoir le caractère libre et indépendant des élections. »
L’armée et la police sont des éléments importants pour crédibiliser les élections de 2010. Les deux corps doivent « agir de la façon la plus républicaine. Les forces de Défense et de Sécurité sont là pour les Burundais et non pour un quelconque pouvoir.
Le Président Ntibantunganya apprécie le pas déjà franchi par les Corps de sécurité : « Nos policiers et militaires seront à la hauteur de leur tâche quand on se rappelle comment ils se sont comportés au lendemain de la signature des différents accords de paix et lors de leur intégration. Si les politiciens devaient faire comme eux, il n’y aurait pas de problème. Tout le monde a salué la tolérance qui les a guidés. Aujourd’hui, ils doivent continuer dans la même voie, en se mettant à l’écart de toutes les tentations politiciennes. »
Président Domitien Ndayizeye: « Que les politiciens soient préparés à sortir des élections la tête haute!»Selon lui, la responsabilité première pour éviter le syndrome kenyan incombe aux institutions politiques : « Que les forces politiques (Assemblée Nationale, Sénat, Gouvernement) appliquent et respectent l’esprit et la lettre de l’Accord d’Arusha et surtout de la Constitution votée par le référendum du 18 mars 2005. Il s’agit là du premier texte fondamental - issu de larges consultations-, qui stabilise notre pays et rassure. »
Il considère que toute tentative pour éviter ce syndrome sera vaine si « les différents acteurs politiques et leurs collaborateurs, une fois au pouvoir, ne sont pas préparés à en sortir la tête haute, en vertu des nouveaux résultats électoraux et de la loi. »
Il exhorte les Corps de Défense et de Sécurité à la neutralité qui sied à leur fonction : « Que la Police et l’Armée, particulièrement les éléments issus de l’ancien mouvement CNDD-FDD, gardent leur professionnalisme en refusant de se faire manipuler par des politiciens durant cette période préélectorale et électorale. En outre, cette attitude les stabiliserait professionnellement, suite à des mutations politiques possibles au lendemain des élections. »
Il attribue un rôle prépondérant à la CENI pour prévenir ce scénario catastrophe : « Que la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) assume et organise les élections de manière impartiale, démocratique, libre et transparente (bulletin unique, présence de toutes les forces politiques en compétition, timing,…). Elle doit aussi prendre toutes les dispositions pour assurer son indépendance et la sécurité des élections, y compris un recours à un apport extérieur si nécessaire. » Du reste, il conseille à l’administration territoriale de ne pas s’immiscer dans les attributions de la CENI mais plutôt de lui faciliter le travail par la disponibilité de ses structures.
Par ailleurs, il estime qu’il y a un préalable majeur à la tenue de ces élections : « Que la CENI, le Gouvernement et la Communauté Internationale effectuent le désarmement général de la population sans délai. Ainsi, nous pourrions reconquérir notre statut de pays modèle en gestion des conflits. »
Président Pierre Buyoya: « Que chaque acteur joue correctement son rôle… »Le Président Pierre Buyoya estime que le Gouvernement est le premier garant dans la création des conditions de sérénité : la sécurité, la liberté des mouvements des uns et des autres.
Quand on parle de formation de milices presque partout dans le pays, poursuit-il, le Gouvernement devrait être vigilant puisque les actions d’une milice sont incontrôlables même par celui qui l’a mise en place. Président Buyoya affirme qu’il connaît des Etats qui ont créé des milices mais qui n’ont pas pu les gérer.
Au Gouvernement, il demande d’arrêter ce phénomène sinon la responsabilité lui incombera. Selon Pierre Buyoya, le Gouvernement et la CENI ont intérêt de bien organiser les élections, d’établir un calendrier raisonnable, encadrer la population et sanctionner ceux qui perturbent l’ordre public quelle que soit leur nature.
Aux partis politiques, Président Pierre Buyoya trouve que leurs leaders ont une tâche énorme en ce qui est du contenu et de la transmission de leurs messages. Ils doivent éviter des dérapages dans leurs discours pour éviter des tensions. Les leaders politiques ont une grande responsabilité envers leurs militants. Le comportement de ces derniers dépend de la manière dont leurs leaders les ont sensibilisés.
Quant à la CENI, l’ancien Président la considère comme principal acteur dans le processus électoral. Ainsi, elle doit agir en bon père de famille : « La CENI doit associer tous les concernés. La transparence, l’impartialité, etc. doivent guider cet organe. Elle est supposée être le gendarme entre les partis politiques et le Gouvernement d’une part, et les partis politiques entre eux, d’autre part. Elle doit agir de telle sorte qu’il n’y ait pas de trouble dans le pays et informer des gens régulièrement pour que des solutions soient vite trouvées.»
Pour le Président Pierre Buyoya, si ces trois principaux acteurs jouent chacun correctement son rôle, il n’y a aucun doute, les élections pourront bien se passer. Toutefois, l’ancien Président rappelle le rôle incontournable des médias et des associations regroupées au sein de la Société Civile: « Les médias peuvent parfois inciter à la haine. C’est pourquoi eux aussi sont invités à ne pas mettre plus l’accent sur les divergences mais essayer de calmer le jeu politique. »
La Société civile, précise-t-il, a la responsabilité de faire pression sur les différents acteurs ci- haut cités.
Pierre Buyoya garde espoir : « Bien mener des élections, c’est notre tradition. Depuis 1961, des élections se sont bien déroulées. Aucun conflit n’a jamais éclaté et les résultats ont été acceptés par toutes les parties. Que chaque acteur joue correctement son rôle et on aura échappé au syndrome kenyan !»
2 comments:
Is there anyone who can tell me the names of these guys
Kenny
Sylivestre est content while Buyoya is triste but the other guy Domien seems calm!!
What do they mean with their face!!!
Sami
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