Friday, April 24, 2009
De Bagaza à Nkurunziza, tout régime qui s’en prend à la population civile comme une tactique de démanteler le FNL ne fait qu’entacher sa popularité !
Burundi (Burundi Tribune) - Par Vincent Nsengiyumva
Mouchoir à la main, visages inondés par la sueur sous une chaleur de plomb, discrètement, un petit groupe d’hommes à la tête duquel se trouve M. Gahutu Rémy, se réunit le 18 avril 1980. Ce vendredi-là marque le début de l’éducation politique des masses et le réveil de la conscience nationale. Mains vides, armés seulement d’une détermination de fer et l’espoir pour un changement, ces patriotes changeront à jamais le cours de l’histoire de la trajectoire politique du Burundi. Le chantier est immense et son objectifs est simple et claire. Puisque les régimes qui se succèdent rivalisent dans l’élimination physique de l’intelligentsia Hutu comme une façon de faire taire toute revendication politique, l’idée d’armer tout le peuple en entièreté avec des arguments politiques matures est inattendue par le régime Bagaza (à l’époque). Les autres régimes répressifs ne trouveront aucun remède adéquat devant cette stratégie, malgré qu’ils auraient essayé. Beaucoup essayé. C’est la naissance du Palipehutu et dès le début, la force politique des idées de ce mouvement sera, en dehors de toute ambiguïté, la mère de l’«opposition politique» au Burundi.
Pendant 10 ans, M. Gahutu porte le flambeau des revendications populaires, préférant de mener la lutte politique auprès des centaines des milliers des paysans et réfugiés Burundais éparpillés dans la Région des Grands Lacs. Pour ceux qui l’ont côtoyés à l’époque, sa vision était bien arrêtée : «la victoire de la démocratie, la justice sociale et la fin de l’Apartheid au Burundi seront obtenu par les masses populaires eux-mêmes, ces dernières étant l’avant-gardes dans le processus vers la démocratisation des institutions du pays». Le concept est singulier parmi les mouvements politiques d’opposition de l’époque car la plupart d’entre eux étaient conçu tout d’abord et avant tout par l’élite exilé. Quand il meure (dans des circonstances qui trahissent un assassinat), c’est un homme confiant et plein d’espoir dans l’aboutissement de la lutte qu’il a lui-même initié. Les quatre murs de sa cellule dans la prison d’Ukonge (Tanzanie) ne suffiraient pas pour contenir son esprit visionnaire. Ce dernier ne cessera plus de renaître.
Entre 1990 et 2001, le Palipehutu connaîtra une période mouvementée. Dans un premier temps, il sera télé dirigée par le Dr. Karatasi Etienne, de l’Europe. Kabura Cossan prendra la relève sans pour autant être présent. Il faudra attendre 21 février 2001, quand le chef de la branche armée du ce mouvement décide d’opérer un changement au niveau du leadership et de la structure de cette formation politique. Désormais, le Palipehutu et le FNL forment une seule et même entité et seront mis sous une même direction suprême, assumée par ce dernier. Avide de l’histoire des mouvements rebelles et soulèvements populaires, il comprend déjà que sa présence sur terrain parmi ses hommes est primordiale. Visiblement moins vieux en âge, c’est en politicien aguerri et stratège militaire complet qu’il se hisse à la tête du Palipehutu-FNL. Si ce mouvement connaît des moments difficiles au niveau militaires (Bujumbura ayant déployé tous les moyens à sa disposition pour en finir avec le FNL), le Palipehutu connaîtra une montée figurante au sein de la population et sur toute l’étendue du territoire nationale. Un grand nombre de ces sympathisants sont arrêtées, les plus chanceux sont emprisonnés alors que d’autres sont exécutés. Contre tout attente, de Bagaza à Nkurunziza, tout régime qui s’en prend à la population civile comme une tactique de démanteler le FNL ne fait qu’entacher sa popularité d’une part et accroît la sympathie populaire au profit du Palipehutu d’une autre part. Que ça soit à Dar-Es-Salaam lors des négociations, ou à Rubira lors de l’ouverture des cérémonies de démobilisation, on fait face à un homme politique calme, dégageant la confiance en même temps et qui semble maîtriser les subtilités de la diplomatie.
Samedi le 18 Avril 2009, Rwasa Agathon lui-même déclara la fin de la guerre et le retour de la paix au Burundi. Dans tout le pays, les paysans retiennent le souffle! Ils n’en croient pas à leurs oreilles car ils attendent ces mots depuis longtemps. Très longtemps. On dirait qu’avant ce samedi, et à part Rwasa, personne d’autre n’était ni disposé, ni qualifié pour dire ces mots… sacrés. La date de sa démobilisation n’est pas une coïncidence non plus: le 18 Avril 2009, c’est-à-dire 29 ans jour pour jour après la création du FNL. Si M. Gahutu annonça le début de la lutte militaro-politique, Rwasa s’approprie le retour de la paix… et c’est croyable. Tout le pays se tourne vers le Gouvernement? Emboîtera-t-il le pas? La Paix en fin? Peut-être, mais en attendant, l’espoir c’est tout ce qui nous reste et le gardera.
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1 comment:
Is this true???
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