Friday, April 4, 2008

La dernière tentation d’un général hanté : assassiner NYANGOMA

Par Albert Somambike
Source: Arib.info
Introduction.

Dans la mythologie grecque, on dit que les assassins sont poursuivis par des Furies qui vivent dans le monde souterrain. Irritables et repoussantes, ces Erinyes ont les cheveux hérissés de serpents et leurs yeux pleurent des larmes de sang. Je n’ai jamais tué personne, mais je me demande ce qui se passe dans la tête de quelqu’un, après avoir tué une personne innocente et désarmée. J’imagine simplement que le meurtrier, s’il a une conscience est terriblement torturé par le remords et voit s’ouvrir devant lui un gouffre immense. Ou alors, lâche, il assassine sa conscience, trouve des justifications à son crime et n’hésite plus à tuer, de sang froid, tous ceux qui pourraient l’accuser, le juger. Il s’installe désormais dans une logique du crime et tente de bâtir autour de lui une forteresse intangible. Tel semble être le triste sort d’un malheureux général burundais qui se reconnaîtra certainement

Projet macabre

Ce général, hanté sans doute par ses crimes passés, et redoutant l’avènement d’un régime démocratique qui mettrait à jour ses forfaits et autres coups tordus, s’est avisé d’assassiner le leader du CNDD, l’honorable Léonard Nyangoma. C’est ainsi que le jeudi 27 mars, il a réuni certains officiers, tous anciens du CNDD-FDD, pour leur demander d’organiser une attaque massive contre la résidence du président du CNDD. On mettrait cette attaque sur le dos du PALIPEHUTU-FNL. Seulement : s’est-il demandé quel motif probant a le dernier mouvement rebelle d’attenter à la vie de Nyangoma ? A-t-il mesuré les conséquences d’un tel plan macabre, sur la vie politique du Burundi et sur le plan de la sécurité ? Car, qu’une certaine opinion l’aime ou non, nombre de Burundais ayant un certain sens sain des choses et de l’histoire du Burundi sait que cet homme à qui on en veut tant, est tout sauf un quidam. D’ailleurs tous ces plans macabres ne semblent-ils pas relever d’une logique de parricide qui ne dit pas son nom ?

Objection et refus des présumés complices

Plus intelligent et plus patriote que le général, un des officiers réunis aurait pris la parole pour émettre des réserves. Il aurait souligné le risque de guerre civile que provoquerait l’assassinat, risque qu’il faut éviter à tout prix. Réagissant à cette objection, le général aurait rétorqué que si jamais la population se soulevait, elle serait matée par la police qui quadrille tout le pays. Malgré cela, la majorité des officiers qui ont pris part à cette réunion sont restés opposés au projet criminel, comme quoi hors ce général, il y a lieu de ne pas désespérer de tous nos officiers.

Pourquoi tant d’acharnement ?

Il convient de rappeler à ce général que le président du CNDD, l’honorable Léonard Nyangoma, n’a jamais jusqu’à ce jour posé d’acte répréhensible connu visant sa personne ou sa famille. Il a donc le droit de vivre et de mener ses activités à travers tout le pays sans être menacé par quiconque, surtout pas par ceux qui sont chargés de la sécurité des citoyens. En outre, il convient de constater que l’échiquier politique burundais étant ce qu’il est en ce moment, outre ses actes passés, la personne de Nyangoma reste porteuse d’une contribution indéniable à la difficile mais irréversible construction d’un Burundi prospère et guéri de ses démons du passé.

Par contre, le passé de ce général, soit comme rebelle, soit comme responsable d’un service national, est jalonné de nombreux crimes de sang et de coups fourrés. On se souviendra d’un titre d’une organisation dédiée à la défense des droits de l’homme s’exprimant au sujet des éléments de ce service : « On s’enfuit quand on les voit »

Le projet en question rentre dans la logique de l’intolérance et de l’exclusion propre au régime de Pierre Nkurunziza. Après avoir levé l’immunité de certains députés et les avoir acculés à l’exil, après avoir emprisonné les ex président et vice-président Ndayizeye et Kadege, après avoir bombardé les domiciles de plusieurs députés de l’opposition, après avoir démis irrégulièrement de ses fonctions la vice-présidente de l’Assemblée nationale, on en vient à vouloir assassiner Nyangoma. Tout cela parce que le pouvoir refuse toute opposition et ne tolère pas qu’on envisage une quelconque alternance.

Le président du CNDD est considéré comme l’un des principaux challengers pour les élections de 2010. Or le général en question est accusé par des témoins (et sans doute la réalité est-elle aussi connue des services de renseignement tanzaniens) d’avoir assassiné la famille du frère aîné de Léonard Nyangoma, le docteur Jean Batungwanayo. Cela nourrit chez le général de grandes appréhensions. Pourtant les déclarations de Nyangoma lors de ce lâche assassinat de la famille de son frère étaient pleines de mesure, de dignité et de grande raison que malheureusement toutes les oreilles, taillées à la mesure de celles de ce général, ne sont pas prêtes à entendre.

Que faire de ce général infâme ?

Beaucoup de Burundais sont d’avis que le cas de ce général relève de la Cour Pénale Internationale. Le dossier devrait déjà être en instruction. Pour sauver provisoirement son collaborateur, Nkurunziza ne pouvant le nommer ambassadeur- ce serait une honte nationale- pourrait envisager de l’envoyer faire la guerre en Somalie. Ce serait une occasion de remercier IMANA de lui avoir donné un président qui le protège si bien. Ce faisant, le pouvoir burundais montrerait qu’il sait de temps en temps se ressaisir pour identifier et mater les champions du chaos qui ne rendent service à personne, pas davantage qu’au régime lui-même. On pourrait terminer en formulant un vibrant bravo à ceux des interlocuteurs du fameux général qui ont le courage de s’opposer à ses plans meurtriers. Il n’est jamais tard pour bien faire !

Annex:
Wiyumvira ko uyo mu General yoba ari Nde: Twandikire

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