Par Gratien Rukindikiza
Burundi news, le 09/08/2009
Au Burundi, la loi est claire. La liberté de s'associer est garantie par la constitution. Ces derniers jours, la ministre de l'intérieur s'est fait remarqué avec le non respect du droit de réunion des partis politiques. Plusieurs partis ont été interdits de réunion alors qu'ils avaient annoncé leur rencontre chez le maire ou l'administrateur.
Aujourd'hui, le ministre de l'intérieur frappe fort. Il s'agit de la société civile. Elle devra désormais avoir un ordre de mission pour aller à l'étranger ou à l'intérieur du pays. Elle devra bien signifier quel forum, quelles personnes rencontrées à l'étranger. On croit rêver mais on a l'impression qu'on est en Corée du Nord ou en Iran.
Le ministre de l'intérieur fait beaucoup de confusions, pourvu qu'il fasse ce qu'on lui a demandé de faire. Un ordre de mission est donné à une personne à qui on finance la mission et celui qui est financé doit donner un compte rendu de mission et aussi de l'utilisation des frais de mission. Sauf le Burundi où on dépense généralement la moitié des frais de mission avant de prendre l'avion pour la mission. Même les Américains doivent justifier factures à l'appui les dépenses des frais de mission.
Exiger des associations ou ONG de donner les détails des missions à l'intérieur ou à l'étranger est une véritable paranoïa. Cela intervient au moment où des tensions apparaissent entre les partis politiques de l'opposition et le pouvoir. Le pouvoir voit à travers son prisme la société civile dans l'opposition. En gros, si tu n'es pas avec moi, tu es contre moi. Bientôt, les conférences épiscopales qui ne sont pas tendres avec le pouvoir devront demander l'autorisation de se réunir et de présenter à la censure leurs lettres pastorales.
Les informations qui remontent du terrain, les divisions au sein du CNDD-FDD ne rassurent pas. Pour reprendre de la force, il faut créer un adversaire, histoire de mobiliser les troupes. Cette société civile n'a rien compris du CNDD-FD! Ils pillent, ils trichent, ils volent parce qu'ils sont au pouvoir. La société civile aurait dû commencer par bien expliquer ce qui ne se fait pas au lieu de les dénoncer! Un cadre du CNDD-FDD m'expliquait qu'il est normal qu'ils se servent car les autres ont fait ainsi et qu'il ne voyait pas pourquoi les gens crient au détournement. Mon Dieu, pourquoi on a voté pour eux alors s'ils ne sont pas capables d'apporter le changement. Fallait-il mettre au pouvoir celui qui sort de la brousser s'il ne venait pas changer les choses?
La société civile devrait dire non à ces mesures dictatoriales. La liberté s'acquiert et on ne l'obtient pas sur un plateau d'argent.
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